Bernat et Soulleilo
Bernat et Soulleilo éron dus effans qué n'abion ni payre ni mayre. Eron dus orfelins et touchoun ensemnlé. Soulleilo a sa naysenço une bouno fégo y abio donnat une baguetto et abio dit : "en d'aco té soustira de pertout.
Partigueron touti dus et touchoun Soulleilo y disio :
"Mé quittaran jamay ?" "Non, y disio Bernat".
Ero neyt et éron dins un bosc. Monte a l'albre beyré si bési un lun. Et Bernat y mountit.
"A ya un pas pla len et yanan ana."
Arriban et tustou. Uno bielo fenno ben dierbi y damanderon a coucha et a mancha. Lous fasquet d'intra mais lou diguet : "Ayssi é chiez l'ogré et respoundé dé res."
Quand l'ogré arrivat commenço a senti et dis :
"Qué sen la car fresquo ayssiou !" Et y dis sa fenno : "Ya dus maynaches qué soun benguts réclama a mancha et a coucha mais lous las quitta tranquillés. As un fedel entier qué se coy, anouras de qué té rassasio." "O " y respoundet.
Lou mati quand se lébon, l'ogré diguet a Bernat :
"Bas pas resta ayssi san fa rés ! Besi aqui aquel taps. Y bas ana et aqueste sé cal qué siosqué aplanit !"
" Mé nié commandas aqui quicon qu'es impossible."
"Resasoynes pas et fay lou !"
Souleillo y ba pourta lou dechuna et lou trobo qué plaourabo.
"Qué plaoures doun ?"
"Mé bésis anacel trabol es impossiblé !"
"ya res d'impossible et si promettes dé jamay mé quitta, beyras !"
"Mé désigu té quittarey pas !"
Alabets pren sa baguetta et dis :
"Al mouyen de ma baguetta quacel tap siasqué applagnérat."
Et lou tap siusquet plagnier.
Quand arriberon chiez l'ogré : "Et bé y diguét las fay aquel trabal ?" "O" y répoundet. Et l'ogré siousquet estounat. Diguet a sa fenno : "Es pla fort mais n'a pas finit !"
Lou lendoumen y dis :
"Bas a toun trabal oun déris hier. Bas y traça d'alleyos et qué y atché d'arbrés en frutcho et d'aoutres en flou."
"Commo boulés qué fasqué una caousso pareillo ?"
"Bay sinon saras manchat !" Ero désoulat et quand Souleillo y pourtet lou dinna, plourabo plous obo.
" Mais qué plourés dounc ?"
"Bésés bé qué ça qué m'a commanda es impossible !"
"Non y a res d'impossible et si mé promettes de jamay mé quitta, beyras !"
" Mais lou sabes bé qué jamay té quittarey !"
"Al mouyen de ma baguetta qué la alléios siosquent faytos et qué yatché d'arbrés en frûcho et d'aoutres en flou !"
Quanq arriban a l'oustal, l'ogré y dis :
" Et bé las feyt aquel trabal ?"
"Eh oui" y respound Bernat. L'ogré ne poudio pas rebeni et diguét a sa fenno quand Bernat et Souleillo siousqueron al lyén :"Es trop fort sabés et lou cal manja !" "Mais non ! y respoundet sa fenno, té rend serbice aquel drollé."
Lou lendoumen y douna un pagnié rout et y dis :
" Aqui lou pouch et lou bas tari."
"Mais dounas mé une seillo, nou es an aquel pagnié qué lou bas tari !"
Souleillo y porto lou dechuna et plaourabo touchoun.
"Bésis, touchoun plourés !"
"Comprénés qué al aquel pagnié posqui tari aquel pouch. Es pas possiblé !"
"T'ey dit qué rés n'es impossiblé. Tendras ta proumesso ?N'oulbidaras pas ?"
"Mais non, t'oublidarey jamay !"
" Eh bé al mouyen de ma baguetta qu'aquel pouch siousquet tarit qué y resté pas uno goutto d'aygo !" Et lou pouch siousquet tarit.
Anabon chiez l'ogré : "Eh bé pitchou l'as tarit aquel pouch ?" "O ! y respound Bernat." L'ogré n'éro tout a fait surprés. Quand siousquéron al liey diguet a sa fenno : "Es finit aco lous mancharey douma. Es trop fort !"
Souleillo abio entendut et din la ney fay léba Bernat et y dis :
"Cal parti !" La fenno lour diribiguet et s'en enguéron. Arriba ban len déjcha, Souleillo dis a Bernat : "Mounta en d'aquel arbré, beyré si nous acousso pas ?" Descen et dis : "Es aqui qu'arribo !"
Y abio un pount et un riou. Ala bets Souleillo dis :
"Al mouyen de ma baguetta qué tu siosqué un aouquat et you uno aouquo !"
L'ogré quand arriba y dis :
"Abes pas bis passa un drollé et uno drollo ?"
"Fa, fa, fat ! fa, fa, fat !" qué y respoundon.
"Bous damandis s'abes pas bis passa un drolle et uno drollo ?"
"Fa, fa, fat ! fa, fa, fat !"
"Ah, mais mé disoun qué saou fat ! Eh bé mai saou pla las et baon mé répousa un bri aqui sul pount !"
Al cap d'un bri l'entendon rounfla commo un ogré. Alabets Souleillo dis :
"Cal parti !" Et s'en ban. Y abio de tems qué marchabon, Souleillo dis :
"Diou estré dérébeillos. Mounto a l'arbré et régarda s'arrio."
"Moun Diou ! Es aqui qu'arribo !"
"Al mouyen de ma bagurtta, qué y atché aqui un cazal et qué tu siosqués un biel chardinier et you uno biello chardinièro !"
L'ogré arribo et lous dis :
"Eh bé mouns paoures bieils, n'abes pas bis passa un drollé et uno drollo ?"
"Boulés des carrottes ?"
"Es pas aquo qu bous damandis ! N'abés pas bis passa un drollé et uno drollo ?"
"Es dé sala do qué boulés ?"
"Moun Dious qué soun bestios ! N'abés pas bis passa un drollé et uno drollo ?"
"Es bélaou dé nabéts qué boulés ?"
"Ah ! Ya prou ! et bous abandonnis et baon d'intra sies you !"
Alabets anon parti éllis tabé et Souleillo dis a Bernat "Nous cal sépara et dins un an tournarem aysi et apey nous séparem plus !"
Dins un an tournéron. Las campanos sounabon gran trin. Souleillo éro dima aoulescho démandait :
"Qué y abio ? Qué las campanas souna ban tant ?"
"Célébron las fiancaillos de la fillo des méstré d'ayciou embé un estranché qu'appeloun Bernat et fan lou dinna."
Souleillo abio un couplé de tourterellos, las emboyo sur la taoula des fiancats et aqui lou malé qué dis a sa femello :
"Roucou ! Fay mi un poutou !"
"Oh non ! y respoundet la tourterello, qué mé fayos commo Bernat a fay a Souleillo !"
Bernat sé lébo et dis :
"Ya plus de fiancallos et baoun réjoindré ma Souleillo qué ma rendut tant des serbices !"
Et siousqueron las lour fiancaillos qué célé bréront.
Passés per un prat moun counté es acabat ! Passés sus un pount de beyré, moun counté es a créiré ! Sé lou boulés pas créiré anas lou beyré !
Bernat et Soulleilo étaient deux enfants qui n'avaient ni père ni mère. C'étaient deux orphelins et toujours ensemble. Soulleilo à sa naissance une bonne fée lui avait donné une baguette et lui avait dit :
« Avec ça tu te sortira de partout. »
Ils partirent tous les deux et toujours Soulleilo lui disait ;
« Tu ne me quittera jamais ?
Non, lui disait Bernat »
Il faisait nuit et ils étaient dans un bois.
« Monte à l'arbre pour voir si tu vois quelque chose. » Et Bernat y monta « Il y a une maison pas loin nous allons y aller » Ils arrivèrent et frappèrent. Une vieille femme vint ouvrir, ils lui demandèrent de coucher et de manger. Elle les fit entrer mais leur dit :
« Ici c'est chez l'ogre et je ne réponds de rien. »
Quand l'ogre arriva il commença a sentir et dit :
« ça sent la chair fraîche ici ! »
Et sa femme lui dit : « Il y a deux enfants qui sont venus demander à manger et à coucher mais laisses-les tranquilles. Tu as un veau entier qui se cuit, tu en auras assez pour te rassasier.
Oui, lui répondit-il.
Le matin quand ils se levèrent, l'ogre dit à Bernat :
«Tu ne vas pas rester ainsi sans rien faire ! Tu vois ici cette colline, tu vas y aller et il faut qu'elle soit aplanie.
Mais ce que vous me commandez est impossible !
Ne raisonne pas et fais-le !
Soulleilo va lui porter le déjeuner et elle le trouve en train de pleurer. « Pourquoi pleures-tu ?
Mais tu ne vois pas que ce travail est impossible ?
Alors elle prit sa baguette et dit : « Au moyen de ma baguette que cette colline soit aplanie » Et la colline fut aplanie.
Quand ils arrivèrent chez l'ogre ;
« Eh bé, lui dit-il, tu l'as fait ce travail ? »
« Oui, lui répondit-il. »
Et l'ogre fut étonné. Il dit a sa femme : « Il est bien fort mais il n'a pas fini ! »
Le lendemain il lui dit : « Vas à ton travail où tu étais hier. Tu vas y tracer des allées plantées d'arbres en fruits et d'autres en fleurs.
Comment voulez-vous que je fasse une chose pareille ?
Vas sinon tu seras mangé ! »
Il était désolé et quand Soulleilo lui porta le dîner, il pleurait.
« Mais pourquoi pleures-tu ?
Tu vois bien que ce qu'il m'a commandé est impossible ?
Non, il n'y a rien d'impossible et si tu me promets de ne jamais me quitter tu verras !
Mais tu le sais que jamais je ne te quitterai !
Au moyen de ma baguette que des allées soit faites et qu'il y en ait plantées d'arbres en fruits et d'autres en fleurs ! »
Quand ils arrivèrent à la maison, l'ogre leurs dit : « Eh bé, tu l'as fait ce travail ? »
« Eh oui » lui répondit Bernat.
L'ogre ne pouvait pas en revenir et il dit à sa femme quand Bernat et Soulleilo seront au lit : « Il est bien fort tu sais et je vais les manger ! »
« Mais non ! Lui répondit sa femme, il te rend service ce drôle ! »
Le lendemain il lui donne un panier percé et lui dit : « Là il y a le puits et tu vas le tarir !
Mais donnez-moi un seau, ce n'est pas avec ce panier que je vais vous le tarir ! »
Soulleilo lui porte le déjeuner et il pleurait toujours.
« Je te vois toujours pleurer
Tu comprends qu'avec ce panier je ne peux pas tarir le puits. C'est impossible !
Je t'ai dit que rien n'est impossible. Tu tiendras ta promesse ? Tu ne m'oublieras pas ?
Mais non, je ne t'oublierai jamais !
Eh bé, au moyen de ma baguette que ce puits soit tari et qu'il n'y reste plus une goutte d'eau ! »
Et le puits fut tari.
Ils allèrent chez l'ogre : « Eh bé petit, tu l'as tari ce puits ? »
« Oui ! Lui répondit Bernat. »
L'ogre était tout à fait surpris. Quand ils allèrent au lit, il dit à sa femme : « C'est fini maintenant, je les mangerai demain. Il est trop fort ! »
Soulleilo avait entendu et dans la nuit elle fit lever Bernat et lui dit : « Il faut partir ! »
La femme leurs ouvrit et ils s'en allèrent.
Ils étaient bien loin déjà, Soulleilo dit à Bernat : « Monte sur cet arbre, pour voir s'il ne nous suit pas ? »
Il descend et dit : « Il est ici, il arrive ! »
Il y avait un pont et un ruisseau. Alors Souleillo dit : « Au moyen de ma baguette que tu sois un jar et que je sois une oie ! »
Quand l'ogre arriva il leurs dit : « Vous n'avez pas vu passer un drôle et une drôle ? »
« Fa, fa, fat ! Fa, fa, fat ! » Lui répondirent-ils.
«Je vous demande si vous n'avait pas vu passer un drôle et une drôle ? »
« Fa, fa, fat ! Fa, fa, fat ! »
« Ah, mais que me dites-vous qu'ils sont fat ! Eh bé, mais ils ne sont pas là et je vais me reposer un brin ici sur le pont ! »
Au bout d'un petit moment ils l'entendirent ronfler comme un ogre, alors Souleillo dit : « il nous faut partir ! »
Et ils s'en allèrent.
Il y avait un bout de temps qu'ils marchaient, Souleillo dit : « Il doit être réveillé. Montes à l'arbre et regarde s'il arrive. »
« Mon Dieu ! Il est ici, il arrive ! »
« Au moyen de ma baguette, qu'il y ait ici une petite maison et que tu sois un vieux jardinier et que je sois une vieille jardinière ! »
L'ogre arrive et leurs dit : « Eh bé mes pauvres vieux, vous n'avez pas vu passer un drôle et une drôle ? »
« Vous vous voulez des carottes ? »
« Ce n'est pas ça que je vous demande ! Vous n'avez pas vu passer un drôle et une drôle ? »
« C'est de la salade que vous vous voulez ?»
« Mon Dieu qu'ils sont bêtes ! Vous n'avez pas vu passer un drôle et une drôle ? »
« C'est peut-être des navets que vous voulez ? »
« Ah, c'est assez ! Je vous abandonne et je vais rentrer chez moi ! »
Ils allaient partir eux aussi et Souleillo dit à Bernat : « Il faut nous séparer et dans un an nous reviendrons ici et après nous ne nous séparerons plus ! »
Un an passa. Les cloches sonnaient grand train. Souleillo qui venait d'arriver, demanda :
« Qu'est-ce qu'il y a, que les cloches sonnent tant ? »
« On célèbre les fiançailles de la fille du Maître d'ici avec un étranger qui s'appelle Bernat et on fait le repas. »
Souleillo avait un couple de tourterelles, elle les envoya sur la table des fiancés et là le mâle dit à sa femelle :
« Roucou ! Fay mi un poutou ! »
« Oh non ! Lui répondit la tourterelle, qué ma fayros commo Bernat a fay a Souleillo ! »
Bernat se leva et dit : « Il n'y a plus de fiançailles, je vais rejoindre ma Souleillo qui m'a rendu tant de services ! »
Et ce fut leurs fiançailles que l'on célébra.
Passés per un prat moun counté es acabat ! Passés sus un pount de beyré, moun counté es a créiré ! Sé lou boulés pas créiré anas lou beyré !
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